"Les libertés ne se donnent pas... elles se prennent" Pierre Kropotkine
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Fédération SUD Collectivités Territoriales : Journal N°45

Journal de la Fédération

Journal N°45

Editorial

Publié le 17 mars 2017

EDITO

A moins de deux mois des élections présidentielles, le niveau de défiance à l’égard des partis politiques et des candidats n’a jamais été aussi important. Plus de la moitié de la population ne sait pas pour qui voter ou tourne ostensiblement le dos à cette échéance électorale.
En cause, les nombreuses « affaires » politico-financières, mais aussi ce déficit de confiance à l’égard d’une grande partie de la classe politique qui, tout en cherchant à faire illusion, présentent des programmes identiques aux recettes appliquées depuis plus de 30 ans, qui ne fonctionnent pas et qui ne profitent qu’à une seule classe, celle des déjà très privilégiés.
Eux-mêmes sont conscients de leur uniformité et tentent d’y remédier en se livrant à une véritable surenchère de propositions toutes aussi mortifères les unes que les autres pour le droit des salariés et l’avenir des citoyens : augmentation du temps de travail à tous les niveaux, que ce soit sur la semaine ou à l’échelle d’une vie par le recul une fois encore de l’âge de départ à la retraite – baisse du coût du travail, c’est-à-dire faire en sorte que nous, salarié-e-s, coûtions moins aux patrons – recul de l’engagement de l‘Etat dans les politiques publiques, notamment par la baisse de ses dotations aux collectivités locales qui sont toujours le prétexte pour les exécutifs locaux d’instaurer une véritable austérité et de démanteler les missions de service public – remise en cause de notre système de soins et de protection sociale - surenchère sécuritaire sur fond de « menace terroriste », stigmatisation de l’ »étranger », de ses enfants (pourtant français) et de tous les réfugiés (de guerre, économique, climatique) rendus coupable de tous les maux …
Les fonctionnaires sont attaqués de toute part, entre ceux qui se livrent au concours de proposition pour supprimer le plus de postes, Macron prône la suppression de 120.000 postes, Fillon va jusqu’à 500.000 ; et Le Pen qui publiquement menace des agents et les accuse d’être au cœur d’un complot contre sa personne !
Le spectacle qui s’offre à nous n’est guère réjouissant et ce ne sont pas ceux qui se proclament antisystème (la bonne blague !) qui peuvent élever le débat, eux qui profitent de ce système depuis toujours, ont grandi dans les arcanes de la haute administration et des banques d’affaires, ou dans le giron d’une richesse familiale aux origines douteuses !
Malgré cela, après cette année de fortes mobilisations contre « la loi travail » et l’appropriation par la rue des questions de la cité, (par exemple « les nuits debout ») nous pouvons espérer l’élévation du niveau de conscientisation.
En cette période si particulière, nous avons donc en tant qu’organisation syndicale, composante du mouvement social, le rôle de nous emparer du débat politique pour poser nos revendications, nos réflexions, nos projets de transformation sociale.
Nous devons également nous tenir prêt aux batailles futures, notamment pour faire vivre le syndicalisme que nous défendons et qui ne manquera pas d’être combattu par les réactionnaires de tous poils.

Nous ne pouvons rester spectateur de ce spectacle affligeant. Il est bien question de notre avenir et de celui de nos enfants. Au sein de nos collectivités, notre rôle de militant doit permettre d’éveiller nos collègues, de les interpeller sur le contenu de ces programmes.

Notre participation au collectif de l’appel du mouvement social « nos droits, leurs privilèges », notre soutien et participation à la mobilisation du secteur hospitalier ce 7 mars et à la journée d’action pour le droit des femmes le 8 mars, sont autant d’initiatives visant à inscrire dans le débat politique nos projets d’émancipation.
Construisons dès maintenant les conditions d’une convergence des initiatives et actions pour que d’ici l’échéance du premier tour des élections présidentielles une grande manifestation nationale soit organisée afin de permettre à l’ensemble des composantes du mouvement social son expression. C’est de la responsabilité de l’Union Syndicale SOLIDAIRES d’en prendre l’initiative et d’en faire la proposition.
Et ceci, quel que soit le dénouement de ces élections, dans la perspective de servir de point d’appui pour la construction d’un mouvement social durable qui devra peser sur les décisions.
Cela ne doit pas se faire sans nous !