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Fédération SUD Collectivités Territoriales : Chaos à Gao partie 3 : des agent.es épuisé.es partout

Chaos à Gao partie 3 : des agent.es épuisé.es partout

Si la violence qui menace les agent.es du quartier du Sillon est une question à traiter de toute urgence, elle ne doit pas occulter l’épuisement de nombreux agents sur tout le réseau et dans de nombreux services.

Publié le 12 juillet 2022

Ceci est dû à la conjugaison de plusieurs facteurs :

  • Un manque de personnel de plus en plus criant.
  • Un manque de communication presque systématique généré par un management autoritaire et infantilisant.

L’entre-soi de la "caste" dirigeante qui se serre les coudes en toutes circonstances atteint des sommets.

  • Une méconnaissance du terrain de la DG effrayante qui la conduit à traiter les agent.es comme des pions au service de la Collectivité. Sud ne cesse de les inciter à faire des stages sur le terrain... heureusement que notre patience est cosmique !
  • Une augmentation souterraine et constante des missions à réaliser demandée aux agent.es jusqu’à épuisement : technique impeccable pour compenser le manque d’effectif et maintenir un service public aussi dense à tout prix. La culpabilisation est évidemment l’arme principale utilisée pour pousser chaque agent.e à se dépasser jusqu’au bout du bout. C’est parfois demandé avec le sourire...
  • Une demande de polyvalence au travail extrêmement poussée jusqu’à demander des compétences aux antipodes les unes des autres, ce qui fragilise grandement les agent.es et les met à la merci des tutelles.

Le travail de spécialiste n’intéresse plus les services et la collectivité, il faut surtout éblouir la population avec du vernis et des paillettes.

A titre d’exemple le conseil spécialisé aux usager.es à la Bibliothèque n’est plus une priorité, les agent.es ont déjà pu entendre de la part de la Direction "qu’il y a internet pour ça".

 Dans certains services comme à La_____________________Bibliothèque la Ville a les yeux plus gros que le ventre et s’avère incapable d’embaucher le nombre d’agent.es nécessaires pour faire fonctionner à plein régime une organisation peut-être démesurée pour une Ville de moins de 50 000 habitants. 5 structures c’est formidable, et Sud s’en réjouit, mais nous demandons des recrutements afin que les agent.es retrouvent des conditions de travail normales. Parce qu’actuellement les bibliothécaires et ludothécaires semblent être éparpillés façon puzzle.. ce qui peut d’ailleurs paraître paradoxal quand cela concerne des ludothécaires.

La visite CHSCT à la Bibliothèque du Bourg a été très instructive, car on aurait pu croire que tout allait bien (Madame la Marquise).

Le débat s’est poursuivi en CHSCT. La Ville s’est gargarisée d’un automate de prêt passé en prêt/retour après moult tergiversations (et l’insistance des agent.es) : il s’agissait juste de paramétrer l’appareil…
Au Bourg la Bibliothèque reconstruite est très réussie, lumineuse, attirante. Le public s’y presse d’ailleurs très nombreux au point d’en faire la deuxième bibliothèque du réseau en matière de nombre de prêts.

S’il n’y a pas de problèmes notables avec le public, à première vue les conditions de travail semblent idéales. Pourtant sur les quatre agent.es, aucun.e n’a échappé (à un moment ou à un autre) à la casse physique et/ou à l’épuisement physique et moral.

Pourquoi ? Trop de pression, trop de travail, trop de manutention. Une agente âgée seulement d’une trentaine d’années est partie désabusée et abîmée physiquement.

Le syndicat SUD demande le recrutement d’un.e Agent.e supplémentaire au Bourg, ainsi que l’acquisition d’un second automate de prêt/retour afin de pallier à l’excès de manutention effectué par les agent.es, ce qui est dangereux pour leur santé.

Les agent.es de La_____________________Bibliothèque sont également pénalisé.es sur leurs conditions de travail, victimes d’un manque de souplesse ubuesque.

Malgré leurs demandes réitérées appuyées par le Syndicat Sud, certaines revendications qui ne coûteraient rien au service sont restées lettre morte.

Certaines heureusement ont fini par être entendues, mais à quel prix ! Le protocole autoritaire et psycho-rigide sur la sortie anticipée a enfin disparu, et la possibilité de travailler jusqu’à 19h30 (si nécessaire) mise en place sur le logiciel. Il faut le souligner.

Il reste encore des choses à établir ou à rétablir :

  • Donner la possibilité aux agent.es d’arriver le matin à 8h15 et non pas à 8h30, cela peut être utile pour des accueils de classes programmés à 9H. Il y a juste à paramétrer le logiciel. Cela ne change strictement rien à la continuité du service, mais permettrait juste aux agent.es de pouvoir mieux organiser leur travail. Il n’y a aucune raison valable de ne pas modifier cela.
  • Pour la énième fois nous demandons à la Ville d’agir afin de supprimer les permanences de 7H récurrentes les mercredi et samedi. Recruter du personnel et diminuer les temps d’ouvertures au public...

Voilà deux pistes qui pourraient conduire à éradiquer ces temps démesurés de service posté au cours d’une seule journée. Pour rappel ces permanences de 7H contribuent grandement à développer les TMS.

  • Sur les périodes de travail, le logiciel autorise une amplitude de +5/-5. Nous demandons de passer cette amplitude à +14/-14 comme c’est le cas à Nantes. Cela permettrait aux agent.es d’avoir plus de sérénité dans l’organisation de travail, et d’éviter de travailler gratuitement, c’est encore le cas. Il n’y a à nouveau aucune raison valable de ne pas changer le paramétrage de cette amplitude. Pourquoi compliquer la vie des agent.es gratuitement et sans aucune justification ? Le syndicat Sud se pose la question depuis des années.
  • Que la Ville reconnaisse enfin la spécificité du travail le samedi, comme c’est le cas à Nantes, où les bibliothécaires -pour rappel- récupèrent 15mn par heure travaillée (le samedi, donc), autrement dit 40H quand ils travaillent 8H par jour vingt samedis par an. Bien-entendu tout.e agent.e de la Collectivité travaillant le samedi devra bénéficier de cette compensation générée par ces horaires atypiques engendrant de la pénibilité au travail. D’autres services sont concernés et Sud l’a déjà signalé.
  • Le syndicat Sud revendique depuis bien longtemps le retour d’une badgeuse physique à l’entrée de chaque structure, afin de compter au plus juste le temps de travail des agent.es, comme c’était le cas il y a quelques années. Nous comprenons bien que la Ville préfère maintenir un système injuste qui fait travailler gratuitement les agents jusqu’à 2 jours par an avec ce système. Malinx le lynx !

Un.e agent.e venant travailler 200 jours par an et mettant en moyenne 5mn à allumer son ordinateur pour arriver sur la page de badgeage de son logiciel travaillera gratuitement 1000 minutes par an, autrement dit 2 journées complètes d’environ 8h en plus. Ceci-dit ces heures-là ne sont pas spécialement productives mais comme le dit l’adage "quand on aime on ne compte pas".

  • Le syndicat SUD demande à la Ville de commettre un sacrilège, c’est à dire de réduire les horaires d’ouverture sur tout le réseau La__________________Bibliothèque... Comme cela se pratique dans de nombreuses autres collectivités, surtout de moins de 50 000 habitants. Idéalement il faudrait sans doute fermer l’ensemble des bibliothèques le jeudi, jour reconnu comme étant de moindre affluence. Cela permettrait de mieux réguler les temps de service posté (et de les diminuer), d’organiser bien plus facilement des tas de réunions (le rêve), et de permettre aux agents d’organiser plus facilement leurs temps de médiation. Les horaires d’ouverture peuvent également être réduits autrement, c’est un débat ouvert, mais nécessaire.

Rappelons qu’une médiathèque est un élément essentiel de la vie culturelle et sociale d’une Collectivité, mais elle n’est pas non plus un hôpital. Il est fort peu probable que des usager.es ne puissent se rendre dans une médiathèque que le jeudi, surtout quand le réseau reste ouvert quotidiennement jusqu’à 19H.

  • Le syndicat Sud demande également à la Ville de reconsidérer ses refus de temps partiels à La__Bibliothèque à compter de la rentrée de septembre 2022. Il y a deux ans nous avions rencontré l’adjoint au personnel qui s’était engagé à accorder plus de temps partiels dans le service, au vu notamment de ce qui se pratiquait dans d’autres services. Il a tenu parole l’année suivante puisque plus de temps partiels avaient été accordés. Nous sommes consternés de découvrir qu’il ne s’agissait que d’un feu de paille et que la Ville régresse dans ce domaine, au détriment des agent.es.
  • Le syndicat Sud demande également à la Ville de cesser de jouer les grenouilles baudruches en ce qui concerne les animations sur le réseau, il faut diminuer réellement leur quantité.

A moins bien-sûr de recruter des agent.es supplémentaires, ce qui serait l’idéal.
Quoi qu’il en soit, il faut trouver un nouvel équilibre entre la quantité d’animations, le nombre d’agent.es, et les horaires d’ouverture du réseau.

  • Il ne faudrait pas oublier les agent.es des autres structures qui sont également (pour beaucoup) très fatigué.es, physiquement et nerveusement, à Hermeland comme dans le quartier Bellevue.

Il apparaît nécessaire de faire un état des lieux général avec les agent.es de ces structures pour mieux comprendre ce qui cloche et quels sont leurs besoins.

  • N’oublions pas que l’application des 1607H a durci les conditions de travail. Il est plus que temps d’accompagner ça d’une souplesse dans le travail pas vraiment en vogue à La__Bibliothèque.

Dernier étranglement en date à la logique prodigieuse : si un.e agent.e pose un après-midi en congé, il est obligé de venir travailler le matin, quand-bien même cette matinée est entièrement paramétrée en temps modulable !

Si nous comprenons bien cette logique ubuesque, ce temps n’est soudainement plus modulable !

Mais si l’agent.e change d’avis et renonce à son congé l’après-midi, il peut à nouveau ne pas venir travailler ce matin-là qui redevient modulable ! Vous suivez ?

Imaginons un.e agent.e remarquablement rapide au point de poser et d’annuler simultanément son congé, pourra-t-il ne pas venir le matin ? Malinx !

Et si l’agent.e qui a posé son après-midi décide de ne pas venir travailler le matin, sera t-il sanctionné pour abandon de poste sur un temps modulable, donc paramétré sans heures fixes ?

Il n’y a qu’un mot, qu’une raison qui justifie la mise en place de cette règle qui défie l’entendement : emmerder les agent.es, gratuitement, au cas où ils n’auraient pas compris que l’instauration des 1607H n’était pas une peine suffisante. Il fallait en rajouter une couche.

Un.e bon.ne agent.e est un.e agent.e qui sait obéir sans broncher aux ordres les plus aberrants qui soient.

Cette règle scandaleuse est emblématique de ce système mis en place de management pyramidal autoritaire que Sud ne cessera de dénoncer et de combattre.

Nous demandons à la Collectivité de supprimer cette règle au bon sens cosmique, mais surtout de réinterroger en profondeur un système qui autorise de telles aberrations.

Nous demandons à la Collectivité de revenir à une véritable Modestie du Service Public, non pas celle revendiquée théâtralement par un DGA ici et là sans qu’on sache de quoi on parle, mais réellement, pour coller à la réalité des moyens disponibles. Autrement dit proposer des services à la population sans que cela ne nuise aux agents, à leurs conditions de travail, à leur bien-être au travail. Tout cela doit être équilibré et cohérent. Ce n’est pas le cas actuellement.

La Ville est en train de produire des effort louables en faveur du service éducation, mais ces efforts doivent se généraliser à tous les services.

Soit la Ville se donne les moyens humains de ses ambitions, notamment en embauchant un maximum d’agent.es, soit elle reconnaît que ce n’est pas possible et doit en tirer les conséquences, en commencer par cesser d’exiger toujours plus des agent.es (ce qui augmente considérablement les risques psycho-sociaux, évidemment).

Modestie et humilité, hein....

Saint-Herblain est une Ville Modeste, ce n’est pas une tare, alors savourons La Fontaine :

La Grenouille qui veut se faire aussi grosse que le boeuf

Une grenouille vit un Boeuf
Qui lui sembla de belle taille.Elle qui n’était pas grosse en tout comme un oeuf,
Envieuse s’étend, et s’enfle, et se travaille
Pour égaler l’animal en grosseur,
Disant : « Regardez bien, ma soeur,
Est-ce assez ? dites-moi : n’y suis-je point encore ?
— Nenni. — M’y voici donc ? — Point du tout. — M’y voilà ?
— Vous n’en approchez point. » La chétive pécore
S’enfla si bien qu’elle creva.
Le monde est plein de gens qui ne sont pas plus sages :
Tout Bourgeois veut bâtir comme les grands Seigneurs,
Tout petit Prince a des Ambassadeurs,
Tout Marquis veut avoir des Pages.

Lire également :
Chaos à Gao, première partie
Chaos à Gao deuxième partie Synthèse des revendications